La vie chrétienne devrait être un printemps permanent

Nous aimons le printemps. La place Arnold est mon baromètre. A l’intensité des cris joyeux des enfants, tout indique qu’il fait beau ou pas. Le court instant qu’il me faut pour aller du presbytère à l’église me permet de respirer à nouveau le bonheur de ma propre enfance heureuse.

Notre corps capte tout et en déduit une atmosphère qu’il peut comparer à une autre, déjà vécue. Si l’atmosphère que nous rencontrons est agréable, notre humeur change favorablement. A l’inverse, notre humeur s’assombrit.

Cette petite chimie se propage aux lieux et aux personnes que nous fréquentons. Pourtant, nous ne sommes pas obligés de nous soumettre à cela comme à une fatalité. Notre vie sociale est relations, amitiés, inimitiés qui sont amplifiées pas nos humeurs.

Mais la vie chrétienne devrait être un printemps permanent, une naïveté pure et joyeuse d’enfants de Dieu. Jésus nous a demandé, pour y parvenir, de vivre dans la fraternité autour d’un même Père.

La fraternité est une décision ferme, un choix commandé par les évangiles, un don de Dieu qui ne se laisse pas guider par les humeurs. Il est inévitable d’avoir des jours heureux et d’autres malheureux, ainsi que toutes les nuances possibles entre les deux.

Mais ce n’est pas une bonne idée que de passer sa mauvaise humeur sur les autres. La fraternité que Jésus nous propose consiste à tout donner au Père, tout partager à Jésus et demander l’aide de l’Esprit Saint, d’abord, avant de nous offrir à nos frères et sœurs. Ainsi, nous sommes mieux disposés à rencontrer les autres et leurs humeurs changeantes. La fraternité, c’est aussi espérer sans l’exiger, un accueil compréhensif de nos humeurs, pour pouvoir en parler affablement.

P. Bernard Gross


(Image, Claude Monet, 1866 – Un jardin le Printemps)