L’audace missionnaire, celle dont nous manquons, Jésus en a fait preuve en rejoignant le territoire de la Décapole, une terre païenne. La foule – des païens donc – amène à Jésus un sourd qui avait aussi des difficultés d’élocution. Devant le miracle accompli, ils disaient : « Il a bien fait toutes choses : il fait entendre les sourds et parler les muets ». Très astucieusement, Marc termine son petit récit en plaçant dans la bouche des païens la phrase d’Isaïe 35 qui évoquait l’allégresse des Judéens revenant d’exil au VIe siècle avant Jésus-Christ. Plus qu’un souvenir à rappeler, c’est une promesse pour l’avenir.
En Jésus, Dieu aujourd’hui vient répandre ses bienfaits : enfin les aveugles voient et « les oreilles des sourds s’ouvrent ». « Effata » ; les captifs de l’incrédulité s’ouvrent à la lumière de la foi ; la tristesse de la fatalité se mue en joie folle devant Jésus. Juifs et païens qui suivaient, depuis des siècles, des routes différentes se rejoignent maintenant sur « la voie sacrée », le chemin de l’Evangile, Bonne Nouvelle de la libération universelle. En racontant cette scène, Marc nous invite à poursuivre aujourd’hui ce travail d’« ouverture ».
Michel Steinmetz +, curé.