Il y a une radicalité dans la vocation à suivre Jésus (c’est le propre de tout chrétien authentique) qui nous heurte, qui nous choque même. On aurait facilement tendance à invoquer une tournure d’esprit, voire de langage, pour adoucir ou édulcorer les propos de l’Evangile.
Pourtant, nous avons tout intérêt à prendre l’Evangile pour ce qu’il est, et à profiter et de sa fraîcheur et de sa verdeur. Que de fois, cependant, dans notre volonté de marcher à la suite du Christ, n’avons-nous pas la même tentation que les Apôtres Jacques et Jean, les « fils du tonnerre », d’appeler le feu du ciel sur cette terre ? Que de fois ne sommes-nous pas ainsi extrémistes en nous lamentant sur ces générations qui ne viennent plus participer à la messe du dimanche ? Sur ces jeunes qui, sitôt passé le cap de leur première communion ou de leur profession de foi, disparaissent dans la nature ? Sur ces foules qui revendiquent comme une norme d’existence le fait de se tenir éloignées de Dieu ?
On s’habitue trop facilement à voir les chrétiens en prendre et en laisser dans le message évangélique ; or, celui-ci dérange et doit déranger. Il nous faut renouveler notre engagement baptismal en recevant pour aujourd’hui les rudes paroles de Jésus et accepter d’être courageusement des disciples qui marchent sur ses pas, sûrs de trouver, par-delà le chemin pierreux, le bonheur de la vraie vie.
Michel Steinmetz, curé.